Emporté par la foule…
L’arrivée à Pékin a de quoi dérouter les plus aguerris des routards. Les couloirs de la gare sont à l’image de ce que nous allons vivre pendant 4 jours: la multitude!
Une fois passée l’ivresse de la foule et des idéogrammes, il faut faire face à la chaleur humide de la ville et trouver un moyen de transport. Nous avions bien étudié les guides touristiques et les blogs de voyage: pas de paiement carte bleue internationale. En effet le système bancaire chinois n’est pas interconnecté avec le réseau bancaire mondial.
On pensait être prêt en ayant configuré Wepay sur l’appli Wechat mais finalement seule une carte bancaire d’une banque chinoise est autorisée (même problème avec Alipay). Donc pas de paiement sans contact avec le téléphone. On se rabat sur le cash!
Premier distributeur: cartes Visa, MasterCard et American Express refusées!
Seuls les distributeurs Bank of China acceptent les cartes internationales. Deux pâtés de maison plus loin sous 40ºC, on trouve enfin le sésame de cette nation post-communiste: l’argent!
Un séjour de 4 jours oblige à faire des choix dans les visites d’une ville qui s’étend sur 16808 km2 (l’Ile de France fait 12012 km2). Pour profiter pleinement d’un court séjour sur Pékin, voici quelques informations utiles ainsi que nos coups de cœur dans la capitale chinoise.
Où loger?
Nous avons longuement hésité entre le confort d’un hôtel climatisé et une location Airbnb plus typique. Mais c’est l’appel de Ninjago qui a été le plus fort! Ce sera un siheyuan dans un hutong!
Un hutong est un ensemble de ruelles et de passages étroits. Ces couloirs de murs de briques constituent l’architecture typique du vieux Pékin (protégé depuis peu de la spéculation immobilière). Ils sont ponctués de portes de bois d’où l’on accède aux siheyuans, maisons à cour carrée. On trouve également de petites échoppes (voire très petites, même si elles sont indiquées comme supermarket sur Google Maps) et des toilettes publiques.
Notre siheyuan est composé de quatre chambres, toutes climatisées, au confort sommaire et de trois salles d’eau. Pas de pièce à vivre mais une cour à vivre! 40°C en journée et inondée quand il pleut!
Se promener dans les hutongs est un régal. De nombreuses agences proposent d’ailleurs des excursions à vélo dans les ruelles tranquilles, mais pour nous c’est promenade tous les jours.
Cité Interdite
42°C à l’ombre, 51°C de ressenti! Pour la journée la plus chaude, on a décidé de visiter la Cité Interdite et comme la Place Tiananmen est à côté, on pense faire une pierre deux coups! Erreur…
En sortant du métro, des cheminements en sens unique dirigent les touristes vers un filtre de sécurité pour accéder à la place. L’entrée de la Cité Interdite étant minutée, on prend l’embranchement « trottoir qui longe la place » pour faire plus vite. Et là, filtre de sécurité! On se retrouve dans la queue avec de centaines (des millers?) de touristes chinois. L’achat de ventilateurs rechargeables est devenu obligatoire.
Après trente minutes de trottoir, il est enfin là!
Nous entrons facilement dans la Cité Interdite grâce à nos tickets horodatés achetés sur Getyourguide. Ce sont les passeports, dont les informations doivent être fournies à l’achat, qui tiennent lieu de billets. Nous avions tenté de les acheter directement sur le site de la Cité mais sans succès.
Son nom complet est la Cité Pourpre Interdite, c’est le Palais Impérial des Ming et Qing, construit entre 1406 et 1420. Etant la résidence de l’Empereur, de sa famille et de ceux qui les servent, son accès était interdit au peuple chinois.
Le site est immense et pourtant, on a l’impression que toute la Chine s’y est réunie! Tout est magnifique mais il est compliqué d’approcher des temples les plus importants à cause de la foule et le nombre de personnes à l’intérieur est limité.
En cherchant un peu d’ombre sous les arcades extérieures, nous rencontrons complètement par hasard un courant d’air frais provenant d’une salle de cours climatisée, où nous avons pu nous initier à l’impression sur papier de riz. Un professeur nous donne les instructions en chinois, nous acquiesçons en pensant avoir compris. Mais il est très prévenant et vient corriger nos gestes. Les enfants repartent avec leurs oeuvres, fiers. Full combo de réussite: nos t-shirts ont eu le temps de sécher 😉 et nous nous sommes cultivés.
Nous tentons tant bien que mal de traverser la Cité: l’entrée se fait par le sud et la sortie par le nord, 960 mètres plus loin. Les temples centraux sont bondés, la chaleur est étouffante, les enfants dégoulinent. C’est magnifique mais il y a définitivement trop de monde.
Temple du Ciel
La visite de l’ancien Monument du Ciel et de la Terre est à faire de préférence le dimanche matin.
En effet le Parc devient le rendez-vous social du quartier. Un grand nombre de Pékinois viennent pour participer à des activités sportives ou artistiques en plein air ou pour discuter. On peut découvrir entre les arbres des chorales, des groupes de musique, des diabolos, des bâtons du diable, ou des installations sportives de musculation.
Les personnes que nous avons rencontrées étaient ravis de partager avec nous leur passion. Certains nous ont prêté leur diabolo! Battle de figures avec une vieille dame! Nous avons même été invités à jouer au volant avec un groupe. C’est un peu comme celui de badminton mais adapté pour frapper au pied ou avec la paume de la main.
Sous la galerie d’accès au Temple, des personnes jouent aux cartes. Partout où le regard se tourne, on trouve quelqu’un participant à une activité.
Le Temple du Ciel est en réalité un complexe de 4 bâtiments mais c’est la Salle des Prières pour la Bonne Moisson qui est le plus connu. Construite en 1420, elle reprend la thématique du ciel et de la terre: l’enceinte carrée avec des tuiles vertes représente la terre et la rotonde avec des tuiles bleues représente le ciel!
Grande Muraille
Impossible de venir en Chine et plus précisément à Pékin sans visiter la Grande Muraille! Sa longueur est difficile à établir car de nombreuses parties sont détruites et les frontières de la Chine ont été déplacées mais on peut parler d’au moins 6200 km de murs et de tours. Il existe plusieurs sites de visite plus ou moins restaurés et plus ou moins équipés pour les touristes.
De très nombreuses agences de voyage proposent des excursions sur la journée, parfois groupées avec le palais d’été ou l’armée de soldats de terre cuite. Mais dans ce cas, la visite de la Grande Muraille se fait au point le plus proche de Pékin qui est également le plus restauré, Badaling. Et c’est donc là qu’il y a le plus de touristes.
Nous avons donc décidé de visiter le site de Mutianyu qui est un peu plus loin et donc un peu moins fréquenté. Il est pourtant bien équipé car il dispose d’un téléphérique et d’un toboggan de luge d’été! Les enfants attendaient ça avec impatience mais la météo a joué contre nous. Le toboggan est fermé quand il pleut!
Il est possible de venir à Mutianyu en utilisant les transports en commun, certains blogs de voyage expliquent l’itinéraire. Mais la difficulté à vérifier les horaires des bus, les changements de ligne (et le fait d’être huit avec des enfants) nous a décidé à réserver l’excursion avec GetYourGuide. La compagnie qui nous a transportés est Beijing Mubus et il est possible de réserver directement avec eux.
Le guide explique tout pendant le trajet (en anglais et en chinois!) et c’est lui qui achètera les billets d’accès au site. Il est ensuite possible de monter à pied ou d’acheter des billets pour le téléphérique. Prévoir un peu d’attente! Même sous la pluie, nous avons attendu une bonne demi-heure, et une fois en haut, nous avons trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de monde.
Est-ce la pluie qui a découragé les touristes? Est-ce que le site est réellement moins fréquenté que les autres? Toujours est-il qu’on ne se marche pas sur les pieds une fois sur la Muraille! Et c’est tant mieux car le passage des tours est quelquefois étroit.
Une fois les averses passées, nous assistons à un spectacle magnifique. Des écharpes de brume remontent le long des flancs boisés de la montagne et basculent de l’autre côté de la Muraille.
L’ambiance fantasmagorique, l’humidité ambiante qui rend les pierres glissantes nous obligent à avancer prudemment. Difficile de nous imaginer sur un site non restauré où certains passages doivent être escaladés.
Le téléphérique arrive à la tour 14 et le toboggan se situe à droite, à la tour 6.
Nous avons décidé de prendre par la gauche, pour accéder à la tour 21 et profiter d’une vue imprenable sur la Muraille
Une fois arrivé à la tour 21, un escalier très long vous attend pour vous mener à la tour 23. Et l’effort est récompensé par une vue inoubliable (quand la brume ne recouvre pas tout!)!
Surveillance? Sécurité ? Internet? On en parle?
La surveillance en Chine est clairement généralisée. Les caméras de vidéosurveillance sont partout. On scanne votre visage à votre arrivée, quand vous rentrez sur un site touristique, quand vous prenez le métro, quand vous prenez le train pour l’aéroport, dans la rue , enfin… partout! Et pourtant, la Chine ne détient pas le record de caméras par habitant: ce sont les USA!
Nous avions également prévu un VPN pour contourner la censure d’Internet qui interdit l’accès à de nombreux sites et services basés aux USA: Google (donc Gmail, Drive, Maps), Facebook, Twitter ou même Wikipedia (surtout avec l’anniversaire de Tiananmen). Impossible de l’utiliser, l’accès aux serveurs VPN est également bloqué. Heureusement qu’il y avait un mois satisfait ou remboursé !
La bonne nouvelle, c’est que le roaming chez FREE Mobile et les pack voyage chez Orange ne sont pas censurés! Nous avons eu accès à tous nos services sans aucun souci. Pour être sûr de pouvoir se guider sur place, privilégiez quand même l’utilisation de Maps.me pour la navigation hors-ligne.
Où se restaurer?
Siji Minfu Restaurant Peking Roast Duck
La spécialité de Pékin est le canard laqué et le Siji Minfu est une institution. Impossible de réserver par téléphone, il faut se présenter au restaurant pour prendre un ticket de réservation. Une heure approximative est indiquée, mais la dame de l’accueil hurle votre numéro dans un haut-parleur… en chinois!
En effet ce restaurant est principalement fréquenté par des chinois qui commandent, outre le fameux canard laqué, des quantités astronomiques de nourriture. Tous les plats sont placés sur un plateau tournant au centre de la table
Nous avons eu quelques difficultés à nous faire comprendre pour la commande mais le canard a fini par arriver. Un chef vient le découper devant nous selon une technique traditionnelle.
Il existe plusieurs Siji Minfu dans Pékin, deux sont répertoriés dans Google Maps, et un troisième est indiqué avec son nom en idéogrammes.
四季民福
23 Dongsi 10th Alley, Dongcheng, Beijing, Chine
+86 10 6401 3267
https://goo.gl/maps/rcGDPx1hVKaWqkoY7
Little Yunnan
À 10 minutes de notre location, nous avons trouvé un petit restaurant qui fait également des plats à emporter. Connaissant très peu la cuisine chinoise, nous avons tenté plusieurs plats sur le menu traduit en anglais approximatif.
Très bonne découverte: le riz aux fleurs de jasmin!
Little Yunnan
28 Donghuangchenggen N St, Dongcheng, Beijing, Chine
+86 10 6401 9498
https://goo.gl/maps/ZtsTViypY8tDMKNA8
D’autre part, pour plus de commodités (climatisation!), nous avons choisi de manger dans les food-court des shopping-malls… Pour quelques euros, on peut s’offrir des plats incompréhensibles que les Chinois mangent à n’importe quelle heure de la journée.
Avec quatre ados, il était bien sûr impossible de repartir de Chine sans une séance shopping: plastique, objets inutiles, contrefaçons en tout genre, nous nous en sommes donné à cœur joie. #pokemon #fauxairpods #laserultrapuissant
Bref Pékin est une ville grouillante, gigantesque et magnifique. Mais pour pouvoir en profiter en dehors des circuits touristiques organisés, il faut avoir bien préparer son séjour, et s’armer de patience. Nous avons bien senti, à de nombreuses reprises, que les Chinois n’avaient pas besoin de nous, simples touristes occidentaux, pour faire tourner leur économie! Il n’en reste pas moins que le patrimoine culturel de la Chine est énorme. Malheureusement notre culture et notre éducation occidentale ne nous ont pas préparés à en apprécier toute la profondeur.
Nous y reviendrons!