Une ville, une histoire: Gorizia!

Pour commencer ma nouvelle rubrique, rien de mieux que ces villes-jumelles: Gorizia en Italie/Nova Gorica en Slovenie.
En préparant le voyage, on avait trouvé cette configuration plutôt bizarre mais c’est notre chauffeur de taxi qui nous met sur la voie de l’explication…

Après la 2ème Guerre mondiale et jusqu’en 1947, la ville est sous double occupation: la zone A est occupée par les Anglo-Americains, la zone B par les yougoslaves communistes…guerre froide, mon amour!! Un rideau de fer en somme! C’est ce que les locaux appellent « the roof », le toit, qui marque la séparation:

En 1947, le traité de Paris (oui, le même qui rend Tende à la France…) donne la zone A à l’Italie tandis que la zone B est intégrée aux républiques socialistes de Slovénie et de Croatie, dans la fédération yougoslave.

Après, ça se corse!! C’est la piazza della Transalpina, qui est une place publique située à cheval sur Gorizia en Italie et Nova Gorica en Slovénie, qui illustre le mieux la situation!

Cette place se situe face à la gare qui, inaugurée en 1906 alors que le lieu appartient à l’empire austro-hongrois, se situe sur la ligne « transalpine » qui relie Trieste à Jesenice! Mais en 1947, cette gare revient aux Yougoslaves.
Ca va? On suit au fond?

La frontière est alors matérialisée par une clôture (que l’on a gardé en souvenir, regardez bien ma photo) que l’on surnomme: le mur de Gorizia! Et tout ça, bien avant le mur de Berlin!! Les Slovènes n’ont donc plus qu’à construire « leur » ville, qu’ils débutent en 1948 et qu’ils nomment la « nouvelle » Gorizia. En témoigne une architecture moderne, issue des canons de l’ère soviétique:

Cette frontière reste fermée jusqu’en 1955, puis progressivement, dans les années 1960, elle s’ouvre pour autoriser le passage des personnes et des marchandises. Les commerçants italiens de Gorizia s’enrichissent alors car les Slovènes, bloqués dans l’économie communiste de la Yougoslavie, traversent régulièrement la frontière pour venir faire leurs courses à l’Ouest, dans le bloc capitaliste!
Aujourd’hui, l’inverse se produit: les Italiens franchissent la frontière (mais sans laisser-passer) pour profiter de prix plus bas en Slovénie….et ils enrichissent donc leurs voisins… Un prêté pour un rendu!!

En 2004, la Slovenie entre dans l’UE et la clôture est démontée, soit 13 ans après l’indépendance du pays quand même… La circulation n’est pas encore complètement libre, les conditions sont compliquées: Il faut que la personne ayant pénétrée sur la place depuis un pays la quitte en revenant vers ce même pays….
Des points de passage officiels sont situés à quelques centaines de mètres de la place.

Le 21 décembre 2007, la Slovénie intègre l’espace Schengen : le mouvement des personnes sur la place devient alors complètement libre!

Et voilà! Alors aujourd’hui, malgré les traités européens, les mesures en faveur des Eurorégions, on peut se demander si toute cette paperasse bruxelloise est arrivée jusqu’à Gorizia… Parce que franchement, s’arrêter dans une gare pour en rejoindre une 2ème qui se trouve à 4 km, ça ne joue pas la carte de l’Europe ouverte…

3 comments to “Une ville, une histoire: Gorizia!”

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